Je reprends une remarque de Dr.Loser sur mon précédent article, selon laquelle le Japon serait le pays à plus fort taux de suicide du monde.
C’est vrai, et la première cause est évidente: la pression sociale est énorme, l’individu est négligé devant la réussite du groupe (la compagnie où l’on travaille en général). Quand on sait que les gosses et ados sont poussés à travailler toujours plus pour avoir (peut-être) une place dans une bonne université et travailler pour pouvoir travailler dans une grande compagnie, ce n’est pas forcément une perspective réjouissante. Quand en plus tout ce qui est non conforme est découragé voire méprisé (en général tout simplement incompris), le moindre artiste ou légérement ‘marginal’ doit avoir du mal à s’épanouir. Ils ont des soupapes de sécurité comme les sorties Cosplay entre potes, mais c’est parfois insuffisant.
Même si le tableau que je viens de dépeindre a tendance à s’adoucir ces dernières années, ça reste une société tout de même très dure.
Mais il y a aussi que le suicide n’a absolument pas la même signification que chez nous. Dans notre morale européo-judéo-chrétienne, le suicide est envisagé quand il n’est pas possible de continuer à vivre. En gros c’est pour les malades mentaux, les amoureux transis (Goethe et son Werther, évidemment) et les dépressifs. Le suicide est un acte de lâcheté ou un appel au secours. Protestez si je me trompe, mais il me semble ne pas être trop loin de l’idée générale.
Pas au Japon. Lisez ‘Le Japon moderne et l’éthique samouraï’ de Mishima. C’est une retranscription du ‘Hagakure’ avec des commentaires et une discussion philosophique appliquée au Japon moderne. Il ne faut pas s’y tromper: autant Yamamoto Tsunetomo (écrivain du ‘Hagakure’) que Mishima sont des extrémistes (Mishima s’est mis à mort par Seppuku en direct à la radio en 1970), mais cela reste intéressant et il y a de nombreux passages sur la mort et le suicide.
En gros, il en ressort que le suicide est le seul acte possible d’un Homme réellement libre. C’est un pied de nez aux Dieux et à un destin tout tracé, la seule manière digne de mourir car on l’a choisie (et non subie, comme on subit la vie durant… toute sa vie). On ne se suicide pas par désespoir au sens ‘tous mes espoirs ont été brisés ou vains’ mais parceque tous les espoirs ont été comblés. Et certains couples se suicident toujours, non pas parcequ’ils sont malheureux, mais parcequ’ils ne pourront pas être plus heureux.
Encore une fois, si vous avez d’autres explications, n’hésitez pas à en faire part. Mais je vous conseillerais de lire ‘Les souffrances du jeune Werther’ de Goethe, un bouquin qui a déclenché une vague de suicides romantiques quand il a paru. Et vous enchainez par ‘Le Japon moderne et l’éthique samouraï’ de Mishima.
Le décalage fait un sacré choc:
